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“La transmission familiale s'opère en douceur !”

Guillaume et Nicolas Jamet vont reprendre les pépinières d'Évrecy, situées dans la banlieue sud de Caen (14), en Basse-Normandie. Une succession qui se prépare depuis cinq ans, en famille : l'entreprise a été créée par leurs parents...

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À l'origine, la famille Jamet a démarré son activité dans la région de Vire au début des années 80. Elle est venue s'installer sur la commune d'Évrecy en 1988, pour disposer de plus d'espace. La production débute sur 5 hectares, en pleine terre et en hors sol, pour une cible essentiellement orientée vers le particulier et une gamme généraliste (annuelles, bisannuelles, plantes à massif, arbustes, sapins de Noël...).

Après les tempêtes de 1999, la pépinière est à terre. Mais décision est prise de repartir de plus belle, en construisant une serre en verre pour conforter l'activité de vente au détail. La clientèle est locale et plutôt rurale. Elle apprécie la diversité de la gamme, les conseils avisés et l'accessibilité de la pépinière, située à quelques kilomètres du périphérique de Caen.

Après trente années d'activité, il est temps de commencer à réfléchir à la succession pour les parents. L'inquiétude n'est pas vraiment de mise car l'un des deux fils, Nicolas, a toujours voulu rester dans le milieu : « C'était une évidence pour moi de travailler dans le domaine de l'horticulture. J'ai tout de suite orienté mes études vers ce secteur, avec une formation en “production horticole” complétée par une formation commerciale. » BTS en poche, il entre dans l'entreprise en 2006, en tant que salarié.

Guillaume ne sera gagné par le virus que quelques années plus tard. Après une formation initiale et une première expérience professionnelle de trois ans en mécanique, il rejoint l'univers des végétaux en 2009. Pour lui, cela implique une remise à niveau dans le domaine. « Même si j'ai baigné dans ce milieu depuis toujours, il me fallait faire une formation pour acquérir des connaissances plus approfondies et donner une image crédible à nos futurs partenaires. Après un bac professionnel, j'ai entamé en 2011 un BTS, les deux en “production horticole”. Des formations à distance pour me permettre de concilier études et activité professionnelle. »

La transmission effective des parents aux enfants était initialement envisagée en 2012. Mais la juriste qui suit leur dossier à la chambre d'agriculture du Calvados leur a conseillé de reporter d'un ou deux ans la passation effective pour continuer à bénéficier des avantages liés à leur statut de jeunes agriculteurs, comme par exemple les prêts à taux zéro. Les parents ne sont pas vraiment pressés et ils laissent le champ libre à leurs enfants pour toutes les décisions stratégiques. Ils continuent même à investir et viennent ainsi d'acheter trois hectares de pleine terre à proximité de la pépinière, une denrée devenue rare comme dans tous les abords de grandes villes.

Nicolas et Guillaume Jamet se sont répartis les rôles dans l'entreprise : une activité plutôt technique pour le premier, plutôt commerciale pour le second. Mais ils ont surtout exploré des pistes pour conforter la place de l'entreprise familiale et la faire évoluer, car le contexte est assez concurrentiel pour la partie jardinerie. La première d'entre elles est l'ouverture vers le marché professionnel, tout en gardant la vente aux particuliers, qui représente toujours 50 % de l'activité. Comment s'y atteler ? « Nous avons élargi la gamme végétale en nous orientant notamment vers les plantes “tendance” comme les graminées ou en proposant des arbres d'ornement en jeunes tiges ou des arbustes de gros calibre en conteneurs. Nous proposons aussi des fournitures pour l'aménagement telles que des tuteurs, des paillis, des galets et des graviers. Du côté des professionnels, pour nous faire connaître, nous avons participé aux deux dernières éditions du Salon du végétal et de Salonvert. Notre objectif est surtout de cibler les professionnels de notre région, jusqu'à l'ouest de la région parisienne, qui n'est pas très loin. Nous organisons depuis deux ans une journée portes ouvertes pour les professionnels locaux en nous associant à d'autres entreprises locales, comme par exemple l'entreprise Plas Eco, spécialisée dans la fabrication de mobilier urbain en plastique recyclé, ou Ruaux Motoculture. Elle est ouverte aux paysagistes, aux collectivités territoriales et aux professionnels liés à notre métier (arrosage, matériaux pour l'aménagement des jardins...). Enfin, nous envisageons d'aménager une zone libre-service pour les paysagistes. »

Une autre piste d'évolution concerne les techniques de production et la commercialisation. La recherche de solutions innovantes, comme l'utilisation de godets biodégradables, est à l'étude. L'objectif est de se démarquer des autres producteurs et de toucher des communes sensibles aux questions environnementales. Le développement de contrats de culture permet aussi de produire de nouvelles gammes sans pour autant prendre un risque démesuré. « Nous avons ainsi développé une production de vivaces. Pour la partie commercialisation, un site Internet a été créé avec la mise en ligne du catalogue et, bientôt, la possibilité de passer des commandes en direct », poursuivent Nicolas et Guillaume.

« L'atout de cette transmission familiale est qu'elle s'opère en douceur, avec une prise de risque progressive. La contrainte pour nous est plutôt de rester à la hauteur, car la pépinière de nos parents bénéficie d'une bonne réputation. Notre but est de concilier qualité, proximité et diversité », conclut Guillaume Jamet.

Yaël Haddad

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